Mon premier enfant, Mathias, est mort-né le 9 septembre 2003 après 39 semaines et six jours de grossesse. J'ai appris son décès le jour ou j'ai dû accoucher car le travail avait commencé. Je me souviens de ce moment, j'étais allongée sur ce lit d'hôpital, dans cette pièce tamisée, le médecin venait d'éteindre l'écran de l'échographie et je continuai à caresser mon ventre car je ne voulais pas y croire. Je suis restée plusieurs heures dans une chambre en attendant que le travail avance, les contractions me faisaient terriblement mal, j'ai vu le liquide amniotique...j'avais tellement peur d'accoucher.
En salle de travail il fallait faire vite, on m'a juste injecter une dose d'anesthésiant pour que je ne sente pas Mathias sortir et pourtant j'ai sentis mon ange partir, j'aurai tellement voulu qu'il reste en moi et qu'on soit toujours ensemble. J'ai refusé de voir mon bébé, j'avais peur...ce n'est que le lendemain que mon mari et moi l'avons vu, nous avons refusé que notre famille soit présente à ce moment, qui pour nous est bien trop intime et nous ne regrettons pas.
Bientôt trois ans et il n'y a pas un jour ou je ne pense pas à Mathias, il y a des jours ou tout va bien et d'autres ou je pleure de l'interieur. J'ai eu un autre enfant, un petit Emeric né en 2004, il ne remplacera jamais Mathias mais il est son frère, il a sa propre personnalité et nous sommes très fièrs de lui.
L'entourage familiale doit être en mesure de nous épauler face au traumatisme que nous avons subis, malheureusement dans ma famille on ne parle jamais de Mathias, j'ai beau trouver des excuses à chacun...je souffre beaucoup de leur indifférence.
Mon seul espoir était que ma famille nous accompagne au Jardin du Souvenir et se recueille en lui déposant une fleur, ne serait-ce chaque 9 septembre mais rien depuis trois ans...rien.
Je sais que Mathias ne veut pas me voir souffrir alors je vis sans lui, je vis avec tous ces souvenirs de ma grossesse, je vis pour mon mari et Emeric et j'avance pour aider et soutenir d'autres mamans endeuillées, je veux leur apporter toutes mes ondes positives car il ne faut pas vivre dans la douleur, rien ne fera revenir notre ange mais personne ne peut oter l'amour que nous avons pour lui . Il faut avancer et aimer la vie malgré les terribles épreuves que nous endurons.